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 L'AUBERGE ESPAGNOL

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مُساهمةموضوع: L'AUBERGE ESPAGNOL   L'AUBERGE ESPAGNOL Icon_minitimeالأحد يناير 25, 2009 11:15 am

Sidi Ifni, plate-forme de brassages entre Berbères, Arabes et Sahraouis, n’a tout simplement rien à voir avec le reste du Souss. Ville côtière, porte du Sahara, elle subit, depuis 1969, une dégradation post- indépendance.On ne peut pas ne pas aimer Sidi Ifni. On ne peut pas ne pas aimer la vie paisible qui y règne. C’est tellement vrai qu’on n’a nullement peur de tomber dans la carte postale. Et on aime encore plus Sidi Ifni quand on connaît ses gens. Leur histoire. Singulière. Différente de celle du reste du Maroc. celle de "l’intérieur" comme on dit là-bas.

Sidi Ifni est bel et bien un autre Maroc. Dont on parle si peu : "J’ai fait le tour des ports du Maroc. On parle de toutes les villes mais pas de Sidi Ifni". C’est un raïss qui parle. Un pêcheur, comme le sont la plupart des hommes de la ville. Lui a cela de particulier. Pendant six ans, il a conduit dans des barques des immigrants clandestins vers les îles Canaries. Les îles sont à trente cinq heures en barque, tout le monde le sait. Même l’immigration clandestine est singulière à Sidi Ifni. Nulle mafia de passeurs ici, mais des familles et des amis, qui réunissent une somme d’argent pour acheter une barque et donner ce qui leur reste au raïss, connu de tous, et qui, parfois, rend service à un proche ou à un voisin en faisant la traversée.

La carte postale se brouille. Les Ifnaouis fuient leur ville. Souvent pour les îles Canaries, où on les accueille à bras ouverts : "leur situation est très vite régularisée", soulignent Abdelmalek Alaeddine, agent de développement et chercheur et Abdellah Loutouli, instituteur à Sidi Ifni. Ce n’est pas que les Ifnaouis n’aiment pas leur ville. Ils ont plutôt l’impression que le Maroc ne les aime pas. Qu’il les a toujours oubliés. À Sidi Ifni, l’État Marocain est absent. Quand il y pense, c’est juste pour construire sur sa côte deux ports de débarquement aménagés. Pour mieux surveiller les pêcheurs, et non pas pour développer la région. C’est tout. Sinon, la rattacher administrativement à Tiznit, alors que les attaches familiales et économiques de tous les Ifnaouis sont à Tan Tan, Laâyoune, Guelmime. Aberration. On n’attend plus rien de l’État. C’est à peine si, l’année dernière, il a daigné améliorer l’état des avenues et des ruelles. On n’en parle même plus de l’État marocain.

On préfère, au risque de choquer, raconter la belle époque d'Ifni, celle où elle était une enclave espagnole. On préfère montrer l’ancienne église, transformée en tribunal, le téléphérique de Sidi Ifni aujourd’hui rouillé et oublié au port, l’ancien aéroport et toutes ces constructions coloniales qui n’ont jamais été entretenues. Sidi Ifni d’ailleurs reste un peu espagnole. On y parle encore la langue comme on parlerait le berbère ou l’arabe. On y fait "la siesta" jusqu’à 16 heures et le "paseo" en soirée (balade en bord de mer) y est une tradition. Mais Sidi Ifni n’est pas que cela. C’est un brassage réussi. Entre Africains, Sahraouis, Berbères et Arabes. Les revendications berbères n’ont pas leur place ici : "Ce serait complètement illogique et anti-historique. Les alliances avec les tribus arabes datent de plusieurs siècles.

Les Aït Baâmrane, dont Sidi Ifni est la capitale, sont le résultat de tous ces brassages, même si leur origine semblerait être berbère. Ce qui est sûr, c’est qu’à Sidi Ifni, rares sont ceux qui vont se revendiquer comme étant Arabes ou Berbères. C’est plutôt la rencontre des deux cultures qu’ils revendiquent", explique Abdelmalek Alaeddine. Ce chercheur qui prépare une thèse sur l’histoire de la région est ferme : la diversité culturelle et sociale de Sidi Ifni fait sa richesse. Il suffit d’ailleurs d'écouter parler un Ifnaoui pour se rendre compte de l’importance du brassage : il parle berbère, hassanya, arabe. Quant aux femmes, les plus âgées portent les " melhaf " colorés des Sahraouies à la façon soussie et les plus jeunes le portent elles à la façon sahraouie. Ce qui s’explique. Sidi Ifni ouvre les portes du Sahara. Difficile alors de
revendiquer une quelconque identité originelle.


Sidi Ifni est nonchalante et paisible, mais aspire néanmoins à mieux. La Fondation Si H’mad Derham prévoit d’ouvrir un grand musée sur l’histoire et le patrimoine des Aït Baâmrane. Heureusement qu’il y a la pêche et le tourisme. Un tourisme respectueux de l’esprit de la ville. D’ailleurs, le tourisme de masse et les grands hôtels, personne n’en veut. Ici, on vient pour faire du surf ou du parapente. On vient à Suerte Loca, le petit hôtel mythique de la ville, construit par les Espagnols dans les années 30 et qui a gardé la même architecture. Manger des moules frites et feuilleter un livre qui raconte l’histoire de Santa Cruz Del Mar Pequeña. Sidi Ifni aujourd’hui.

Histoire : L’autre indépendance


Les Ifnaouis fêtent deux indépendances. Celle du Maroc et la leur. Le reste du Maroc en fête une seule, celle de 1956 et oublie celle de Sidi Ifni, le 30 juin 1969 : "Même la résistance des Aït Baâmrane n’a pas la place qu’elle mérite dans l’histoire du Maroc. C’est ce qu’on appelle une centralisation de la mémoire nationale", dira cet enfant de la ville. "C’était de la colonisation et nous y avons fait face pendant des années. Nous étions fiers d’être Marocains à nouveau. Qu’à fait le Maroc pour nous ? Rien, depuis le départ des Espagnols. La situation économique de la ville n’a fait que se dégrader", regrette cet ancien résistant. Combien lui donne l’État marocain ? 500 DH par mois. Combien donne l’Espagne aux anciens combattants de l’armée espagnole à Sidi Ifni ? Jusqu’à 5000 DH par mois. Ceux qui ont la nationalité espagnole et ils sont beaucoup reçoivent encore une sécurité sociale de l’Espagne. Et c’est là où on se rend compte que l’identité des Ifnaouis n’est pas celle des autres Marocains. Parce qu’ils n’ont tout simplement pas la même histoire. Et que Sidi Ifni restera - dangereusement - un autre Maroc, tant que rien ne sera fait pour l’intégrer dans le processus de développement du pays. Et dans son histoire.
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